Considéré comme l'ancêtre de l'arc, le propulseur a été suffisamment efficace pour que nos parents préhistoriques puissent se nourrir et perpétuer leur descendance. Il permet de projeter se flèches gigantesques que l'on appelle des sagaies beaucoup plus puissamment que simplement à la main. Même s'il est beaucoup plus difficile à maîtriser qu'un arc, son maniement est très ludique. Au tir à l'arc on a une posture statique plutôt vers l'avant. Au tir au propulseur à partir de la posture qui est vers l'arrière on doit bouger vers l'avant pour envoyer le projectile. Les sagaies volent moins vite que des flèches, mais l'impact à cause de l'inertie et du calibre est impressionnant. Il existe une multitude de types de propulseurs, préhistoriques ou ethnologiques. Il faudra choisir de copier un système ou un autre ou, moins bien, d'en inventer un autre encore. Il est toujours composé d'un corps, poignée et tige, d'un crochet ( ou un cul de sac qui ne nécessitera pas de cupule ) et éventuellement d'un système de préhension, d'un support de sagaie, d'une dragonne. Il est plus facile d'utiliser des modèles de propulseurs légers sauf si comme certains aborigènes vous vous en servez aussi comme bouclier récipient de récolte de fruits, pour creuser le sol ou frapper les copains.
Test de longueur de propulseur
Quelque soit le modèle, il faut connaître sa longueur idéale de propulseur. Pour la mesurer il faut fabriquer un propulseur qui va être très proche de votre modèle choisi, matériau,
diamètre etc, mais qui sera trop long, d'environ 80 centimètres. Il faudra ensuite tirer dans un grand pré le plus loin possible. Échauffez vous auparavant et sachez que votre sagaie peu dépasser les 80 mètres donc le lieu doit être désert. L'angle de tir est d'environ 45 degrés par rapport au sol. Les premiers tirs se font de toutes ses forces ou presque avec la main positionnée au niveau pouce index à 40 centimètres du crochet. Il faut en effectuer plusieurs pour se régler. Puis on essaie de tenir le propulseur un peu plus loin et on retire plusieurs fois. On doit déjà remarquer qu'en ayant plus de longueur de propulseur on tire plus loin, donc plus de puissance. On augmente encore cette longueur, tout en faisant des marques pour repérer l'endroit pouce index. On répète cette opération plusieurs fois jusqu'à battre de plus en plus ses propres records de distance. Mais à un moment donné en prenant encore plus de longueur de propulseur, peut être 51 centimètres du crochet au point pouce
index, on constate que l'on tire un peu moins loin. Si cette plus faible distance ne vient pas de notre épuisement, c'est que 51 centimètres est un peu trop long et que la longueur
précédente de 50 centimètres est idéale. Cela se joue au centimètre près.
Le corps du propulseur
Le corps du propulseur peut être rigide comme la majorité ou souple, comme certains. La sagaie encaisse déjà l'impulsion de départ par sa flexion, mais un propulseur souple permet
d'encore mieux absorber ce choc. La performance du tir ne changera pas mais votre corps le supportera mieux si vous êtes un peu fragile ( muscles, tendons ). Dans ce cas le propulseur doit être fait comme un arc, avec un bois d'arc. Le dos de l'arc, côté écorce vers le dessus du propulseur, côté crochet, les cernes du bois ne doivent pas être coupés sur le
dos. Il peut être plat ou d'une section en forme de D. La souplesse doit être modérée pour que le propulseur restitue l'énergie qu'il a emmagasiné lors de sa flexion. Donc pas trop
exagérée pour ne pas perdre de la puissance.
La poignée du propulseur
Il est utile d'avoir un propulseur avec une poignée plate en dessous, au contact de la paume de la main pour permettre de sentir la bonne orientation du crochet sans avoir besoin de le regarder. La poignée peut être ergonomique. Comme elle est très souvent plus grosse que la tige du propulseur, il est possible de la travailler pour mieux caler les doigts et la rendre ergonomique. Il est possible de la recouvrir de cuir pour ne pas glisser. On peut aussi placer un système de préhension en cuir ou en bois selon les modèles.
Le support de sagaie
On peut y ajouter un support de sagaie à l'avant de la poignée ou à l'arrière de celle-ci. Plusieurs systèmes sont connus et conditionnent la tenue du propulseur et de la sagaie. Le support en fourche ou en U est des plus fréquents. Dans ces cas la sagaie n'est plus tenue que par le propulseur et elle ne doit pas glisser lors des tirs vers le bas. Il y a deux méthodes soit on ajoute une ligature en renflement sur la sagaie, juste avant le support ou alors on colle une bande de cuir, tapis de sagaie, côté chair à l'extérieur sur le support, ainsi la sagaie ne glissera pas. Ce tapis devra être changé de temps en temps lorsqu'il présentera des signes d'usure. Pour que la sagaie tienne toute seule dans la cupule il faut aussi que la cupule soit assez profonde et le crochet bien appuyé sur le haut à l'intérieur de la cupule. Pas trop enfoncé non plus pour que le crochet éjecte correctement la sagaie. On peu faire le test, le crochet dans la cupule, on fait basculer le propulseur jusqu'à ce qu'il dépasse l'angle droit formé par la sagaie et le propulseur. Si le crochet n'accroche pas la cupule mais fonctionne comme une rotule, c'est que le réglage est bon. L'avantage du support de sagaie c'est de ne plus avoir à maintenir la sagaie avec le pouce et
l'index lors du tir. Ces deux doigts ne doivent pas être opposés, mais légèrement décalés. Si on maintient la sagaie avec les doigts, le pouce est légèrement plus haut que l'index, de même le pouce ou l'index ne doivent pas couvrir, enserrer la sagaie. On ne tient pas la sagaie on la ma maintien, elle doit s'échapper toute seule des doigts au moment du tir, on ne doit pas avoir à lâcher la sagaie. Le support libère totalement tous les doigts. Si on a un handicap physique des doigts c'est idéal. Le fait de tenir la poignée à pleine main avec en plus le pouce et l'index est plus performant en terme de force. Vous pourrez maintenant refaire le test de distance, avec et sans support et vous verrez la différence. Pour des tirs à des distances de 30 à 60 mètres et
plus, le support de sagaie augment la précision du tir. On a par contre constaté aucun changement de précision, avec et sans support pour des tir entre 8 et 26 mètres. Le support, surtout pour les débutants, rend le tir plus facile, même si aucune trace préhistorique n'atteste de son existence au paléolithique.
Le crochet du propulseur
Le crochet du propulseur, étant une pièce d'usure, doit plutôt être en bois dur, corne, os, bois de cerf , de chevreuil ou de renne. Il ne doit pas être trop long ce qui entraine de
perdre l'axe de tir lorsque l'on articule involontairement le poignet à gauche ou à droite. Il doit former un angle de maximum 30 degrés mais peut même être parallèle au propulseur. Regardez les crochets des propulseurs paléolithiques, ils sont souvent parfaits. Le crochet doit être très proche du propulseur mais il faut penser au volume de la cupule qui doit trouver sa place et ne doit pas coincer sur le propulseur. Le crochet est fixé soit avec une simple perforation, des biseaux, double biseaux, collé et
ligaturé. Pour une question d'esthétique il est souhaitable d'utiliser des matériaux proches des originaux. Par exemple pour ligaturer un propulseur style paléolithique on utilise des
tendons et de la colle de tendons.
Lest de propulseur
Les banner stone ou lests que placent certaines tribus américaines sur leurs propulseurs, ainsi que les masses formées au paléolithique par les sculptures animalières ont peut être un rôle à jouer dans le tir. Des études scientifiques on montré que ces lests n'amènent rien de plus physiquement au niveau de la puissance de tir et même y nuisent. Ils se sont peut être trompés et de plus n'ont pas tenu compte de l'effet psychologique ni peut être du gain en précision. En testant des lests placés à différents endroits du propulseur et avec différentes masses, jusqu'à des plus légères et différentes longueurs de propulseur on constate que on tire plus loin sans rien, ce qui est logique. Lors du tir pour faire basculer le propulseur de l'arrière vers l'avant,
plus le propulseur est lourd, moins il va être rapide, même si à la fin du mouvement on va être plus embarqué par son inertie. On ne constate pas d'augmentation de précision, voir l'inverse et on ne sait pas comment réellement tester l'effet magique, psychologique. Pour utiliser l'effet psychologique, il est conseillé d'avoir un propulseur trop court sur lequel on fixera le lest au ruban adhésif pour pouvoir le déplacer et trouver sa position idéale avant de le fixer. Si vous n'êtes pas assez convaincus, allégez le lest pour le régler s'il paraît trop lourd. Jusqu'à constater peu de perte de puissance, c'est à ce moment là que vous pourrez faire intervenir la sorcière pour consacrer votre propulseur. Si vous n'êtes toujours pas convaincus, utilisez un propulseur à votre force, le plus long possible, sans lest.
Bernard.Bouffier.